Soléa


Interview de Amy Nicolle parue dans la revue « Enquêtes spirituelles » juillet 2013

- Soléa, pourquoi avoir rédigé ce livre « fais-moi un signe » ?

- J’aimerais par-dessus tout PARTAGER mes idées pour ceux qui ont du mal à trouver leur place dans cette vie, pour ceux qui sont en quête de sens et qui ne trouvent pas de réponses ni de réconfort après des années de pratique religieuse ou d'analyse chez leur psy ou autres méthodes de développement personnel.
Je décris les conséquences de la religion avec bienveillance, sans ménagement certes mais sans jugement non plus... J'aborde le sujet avec légèreté en harponnant le lecteur par le biais d'une fiction très accessible car je veux toucher ceux qui n'ont justement pas l'intention d'ouvrir un manuel de théologie (mais plutôt un bon roman distrayant à déguster en bronzant sur une plage...). Pour cette même raison, j'ai volontairement utilisé un style d'écriture facile (essentiellement le dialogue).

Mon but était d'embarquer mon lecteur dans une belle histoire de manière à faire passer plus facilement un message pas franchement médiatique au départ. En effet, qui s'intéresse au sort des prêtres ? Pourtant le malaise qui plane autour d'eux révèle concrètement la crise que subit l'Eglise : la pénurie de prêtres, la tiédeur des fidèles... mais surtout il témoigne qu'elle ne peut plus jouer son rôle de guidance spirituelle comme autrefois. Je suis convaincue que l'humanité est arrivée à une forme de maturité spirituelle et qu'elle ne peut plus obéir aveuglément aux rites d'une Eglise quelle qu'elle soit.
Le choix de l'Eglise catholique est donc secondaire dans mon livre comme mon personnage du père Théo car je crois que tout est évolution, tout est relié, tout est cohérent.
Il y a 2000 ans, les civilisations n'avaient pas de contact entre elles et ont développé des religions indépendantes (comme si Dieu s'était révélé de différentes manières selon les époques et les cultures) mais avec notre ère de la communication, les frontières s'effacent, les cultures se mélangent et la science rejoint la théologie (la physique quantique, les expériences de mort imminente, la sagesse de la kabbale, etc...). Il est temps de réaliser que nous faisons partie du même village "la terre" et que Dieu (en tant que "principe de création") est bel et bien au-dessus de toutes les religions. (Ce n'est pas pour rien que l'Eglise rabâche depuis les premiers chrétiens que nous sommes tous frères...)
Il ne s'agit nullement de nier la moindre religion mais de faire preuve de bon sens ou d'intelligence du cœur pour les intégrer les unes aux autres comme autant de petites parcelles de vérité qui se complètent après avoir traversé les siècles séparément.
Je ressens cette intuition suffisamment forte pour en écrire un livre qui parle d'amour inconditionnel, d'absolue tolérance, de transparence et je suis persuadée que la science viendra un jour confirmer mon hypothèse.

- Dans votre livre vous écrivez :
« Tracer son blaze à la hâte, dans un moment d’adrénaline attestait de sa place dans l’anonymat de sa banlieue, de la preuve de son existence. Quelle vengeance ! Quelle provocation ! Quelle jubilation de laisser sur tous les murs de la ville une signature que personne ne pouvait lire… Théo voyait bien que c’était une forme d’addiction comme une autre, une drogue… une protestation contre la solitude et l’isolement. »

- Vous avez relevé cet extrait de mon livre pour m'associer au personnage ? Vous me voyez comme lui ? Une provocatrice anonyme ?
Je plaisante bien sûr, de toute façon, un roman n'est qu'une fiction... donc pas une provocation. Ce qui peut sembler « provoquant », c'est ma façon d'enrober un message spirituel dans une romance facile d’accès afin de capter l’attention du lecteur qui n’a pas l'intention au départ de se poser des questions existentielles. Mais la fin justifie les moyens... car au final, cette façon de procéder (que je n'ai pas préméditée) se révèle être un moyen de transformer un sujet délicat en un sujet agréable, abordable, facile, léger... un signe pour tous...

L'extrait choisi peut signifier aussi que vous percevez mon récit comme une protestation contre la solitude et l'isolement... Face à notre quête de sens, c'est vrai : je proteste contre la solitude et l'isolement !

Mon blaze à moi serait : « Je suis toi, tu es moi, nous sommes uns, semblables ! Comprenons-nous au lieu de nous craindre ! »

Alors que dans la réalité, chacun défend ses idées, campe sur ses positions et se sent comme « enfermé » en lui-même, figé dans ses préjugés, dans son athéisme ou ses convictions religieuses (voire obligations religieuses), chacun semble vouloir garder sa vie intérieure secrète, intime, taboue et finalement chacun se retrouve seul avec ses questionnements... Je pense qu'il serait bon au contraire (et même urgent) de partager nos expériences intérieures, de communiquer ouvertement notre foi ou notre façon de donner un sens à notre vie (avec ou sans espérance). Il me semble que l'humanité arrive à maturité et qu'il nous est possible désormais de « quitter cet assistanat spirituel apporté par le soutien des églises afin de constituer la colonne vertébrale de notre âme : Tenir de l’intérieur et non de l’extérieur ! N’est-ce pas là, l’Ambition Divine à notre égard ? »

- Pouvez-vous nous expliquer votre choix d'anonymat, et pourquoi ce pseudo ?
- La couverture de mon roman explique mon pseudo :

« Comme j’ai tendance à forcer les portes de l’âme et du cœur pour repenser le monde et remonter le sens de la vie à contre courant, je préfère me retrancher derrière un pseudo. Soléa comme soleil, comme seule me semble approprié pour vous faire partager mon espace de liberté et de lumière. J’ai eu la surprise de découvrir que ce nom existait vraiment et qu’il signifiait solennelle. Sa caractérologie m’a conquise : spiritualité, connaissance, philosophie, sagacité, originalité. Curieux hasard… à moins que cela ne soit un signe ! »

Quant aux raisons de mon pseudo, je les ai relevées avec précision, je crois... je pourrais ajouter que « nul n'est prophète en son pays ! ». C'est une parole de Jésus ! (Marc C 6 V 1à 6 : « Jésus quitta cet endroit et se rendit dans la ville où il avait grandi ; ses disciples l’accompagnaient. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Ses nombreux auditeurs furent très étonnés ». Ils disaient: « d'où tient-il tout cela ? Qui donc lui a donné cette sagesse et le pouvoir d'accomplir des miracles ? N'est-ce pas lui le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne vivent-elles pas ici parmi nous ? ». Et cela les empêchait de croire en lui. Alors Jésus leur dit : « Un prophète est estimé partout, excepté dans sa ville natale, sa parenté et sa famille ». Jésus ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il posa les mains sur quelques malades et les guérit. Et il s’étonnait du manque de foi des gens de sa ville. »

Curieusement, lorsque Jésus est revenu dans son village à Nazareth, dans sa famille, parmi ses amis, il a rencontré pour la première fois des difficultés pour faire passer son message ! Evidemment, il n'est pas question de me comparer avec Jésus ni de près ni de loin (cela va de soi...) mais sans confusion, sans assimilation aucune, je comprends ce genre de mépris bien compréhensible et j'imagine les commentaires à mon sujet si je devais étaler mes idées à ceux qui me connaissent : Comment ? Ma femme... ma mère... ma sœur... mon amie... ma voisine... raconte des choses pareilles ! Qu'est-ce qui lui prend ? Pour qui elle se prend ? Et ils auraient bien raison... ce n'est pas l'auteur qui importe mais le message.


- « Fais-moi un signe », avez-vous reçu vous-mêmes des signes quant à la rédaction de ce livre ? Etes-vous guidée ?
- J'en suis intimement convaincue mais les signes sont toujours subjectifs et je ne peux pas transmettre cette conviction. A chaque exemple, on peut me répliquer : « Mais il ne s'agit que d'un simple hasard... ». Moi je pense comme Einstein que le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito.

La rédaction du récit en lui-même est une énigme à mes yeux...

Comme tout le monde, la crise m'a touchée personnellement et m'a contrainte à de longues journées de permanence assidue dans un bureau à attendre que le téléphone sonne... Ces longues heures de face à face avec moi-même auraient dû être prodigieusement ennuyeuses, déprimantes, angoissantes... Je les ai passée à écrire, écrire, sans savoir où mon inspiration me guidait et les rares clients qui se manifestaient étaient loin de s'imaginer qu'ils me "dérangeaient" dans mon occupation...

Très sincèrement, je me suis demandée plus d'une fois pourquoi, mon histoire m'emmenait vers des sujets aussi dérangeants et tabous mais je continuais quand même en me disant que de toute façon personne ne la lirait...

Le fil rouge révélé dans les deux tables des matières est aussi une énigme à mes yeux car normalement pour aboutir à un texte cohérent en associant les titres de chapitres, j'aurais dû anticiper mon récit un minimum mais entre le premier et le dernier mot de mon histoire, il n'y a eu aucun plan !
J'avançais dans mon récit par séquence (comme dans un scénario de film) en me concentrant sur la scène en cours par rapport à la scène précédente mais sans avoir aucune idée de la scène suivante...

Dans ma vie aussi, les signes font partie de mon quotidien. Je remarque de curieuses coïncidences que j'interprète comme des signes. Comme dans le récit, dès que je les espère, ils se refusent à moi... et quand je ne m'y attends pas, ils s'imposent comme des clins Dieu et il ne me reste plus qu'à rendre grâce devant ce mystère.
Le plus troublant, je l'ai relaté dans mon récit lorsque je me suis retrouvée dans le plumage d'un faucon crécerelle. J’étais en voiture et je fixais distraitement cet oiseau en plein ciel, quand soudain je me suis retrouvée là-haut en train de ressentir son effort pour rester en sustentation entre ciel et terre... Il m'a semblé comprendre bien des choses en un millième de seconde... Notre passage sur terre comme équilibre précaire et pénible entre le spirituel et le matériel : tenir entre ciel et terre ! Et la chute vertigineuse du faucon comme une plongée dans le vide de la foi, un abandon total en Dieu...

Ce n'est pas le genre d'aveu que j'aimerais révéler à mon entourage ou mes proches, je ne tiens pas à passer pour une folle... pourtant ce n'est pas une sensation qui s'invente...

- Merci Soléa.

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Ses oeuvres

2 oeuvres
  • "Fais-moi un signe !" Tome 1 - Soléa

    Publié le 18/07/2013

    Avec son physique séducteur et un don inné pour la musique, Théophane pouvait espérer un destin brillant mais il a choisi l’autre lumière. Il exerce en toute humilité son ministère de prêtre à Castenon où tout le monde l’adore pour sa joie de vivre, son humour, sa simplicité, sa bienveillance. Cependant, il fait une dangereuse rencontre... Ce roman est la conversion de celui qui croyait convertir... Mais attention ! Une conversion peut en cacher une autre ! Peut-être la vôtre…
  • "Fais-moi un signe !" Tome 2 - Soléa

    Publié le 18/07/2013

    La conversion de Théo s’aiguise... Son retour à la maison le conduit à expérimenter un pardon et une tolérance plus facile à accorder pour autrui que pour lui-même. Plus il s’éloigne de l’église plus il se rapproche d’une foi intuitive qui le fait avancer sur le chemin implacable de la transparence… un chemin dérangeant qu’il ne veut pas prendre mais qui lui apprend beaucoup sur l’amour inconditionnel de son Dieu, de sa tolérance absolue, de son pardon définitif.
 
 
 
 
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